Question ! Une initiative populaire réussira-t-elle, un jour, à reformer l’Etat social en Suisse ? L’initiative « pour une caisse publique d’assurance-maladie » du 28 septembre – principalement de gauche – y parviendra-t-elle ? De premiers sondages sont négatifs (51% de non, 40% de oui, GFS-SSR, 22 août). Depuis la création de l’initiative en 1891 (22 textes acceptés), l’Etat social est l’un des domaines où les promoteurs sont souvent en échec. Tout se passe comme si le Parti socialiste de Christian Levrat, l’Union syndicale de Paul Rechsteiner et d’autres acteurs se trouvaient face à un mur. Certes, de nombreuses initiatives influencent les projets officiels. Mais, dans ces cas, Conseil fédéral et Parlement tiennent le gouvernail
Et pourtant ! D’autres domaines réputés infranchissables cèdent. Voyez l’immigration et l’asile. Pendant longtemps, aucune initiative les touchant directement ne passe. James Schwarzenbach, Valentin Oehen et leurs successeurs échouent (mais ils pèsent sur la politique migratoire). Tout change avec l’UDC de Christoph Blocher. Trois initiatives sont acceptées par peuple et cantons : contre les minarets (2009 – des Suisses sont aussi touchés), contre les étrangers criminels (2010), contre l’immigration de masse (février 2014). L’armée, avec le refus de l’avion Gripen (en mai), s’en rapproche. Là, c’est un référendum facultatif qui marque le tournant.
Réformer l’Etat social, est-ce plus dur ? Pour l’immigration ou l’armée, par exemple, les pouvoirs publics pilotent. Pour l’Etat social, le partage entre acteurs individuels et publics complique (ex : le financement). Cette matière est particulièrement coriace.
Christian Levrat, président du Parti socialiste suisse depuis 2008 © http://www.parlament.ch
Paul Rechsteiner, président de l’Union syndicale suisse © http://www.parlament.ch