Pierin Vincenz – directeur de Raiffeisen Suisse – trouble les banquiers helvétiques. Il entre en matière sur l’échange automatique d’informations fiscales avec l’étranger et ne s’opposerait pas, par exemple, à l’ouverture de négociations avec l’Union européenne (UE)
Pierin Vincenz constate qu’un échange de données fiscales anti-fraude se met en place entre la Suisse et les Etats-Unis. Les Européens en voudront aussi («Sonntag» du 26 février, «Tages-Anzeiger» et «Bund» du 28). Le secret bancaire frémit.
Minoritaire chez les banquiers suisses, Pierin Vincenz ouvre une brèche. Sa «sortie» coïncide avec l’acceptation par le Parlement fédéral d’une Convention corrigée contre la double imposition avec les Etats-Unis. L’entraide fiscale serait élargie à des «demandes groupées». Ce serait la porte ouverte à l’échange de données fiscales. Certains souhaitent que ces concessions s’accompagnent du règlement des difficultés subies par onze banques suisses aux Etats-Unis. Eveline Widmer-Schlumpf, présidente de la Confédération et ministre des finances, est au pupitre.
Les Etats-Unis sont mieux équipés que l’UE pour négocier avec la Suisse. Nos banques ont besoin du marché américain, et les Etats-Unis le savent. Cela leur donne un sérieux avantage. Et puis, cette méthode des «demandes groupées» pourrait être adoptée par l’OCDE – dont la Suisse, les Etats-Unis et les «poids lourds» de l’UE font partie. A cela s’ajoute le possible «virage à gauche» de la France, voire de l’Allemagne. Pour la Suisse d’Eveline Widmer-Schlumpf, la marge se réduit.