Eric Zemmour. Le polémiste français – candidat possible à la présidence de la France – est-il dangereux pour la Suisse ? Réussira-t-il à parler à Genève ou ailleurs ? La liberté d’opinion – ancrée dans la Constitution fédérale – est-elle valable pour lui ? Menace-t-il l’ordre public ? L’issue est attendue avec curiosité. Certains lui reprochent des propos sur l’Islam, les femmes, le régime de Vichy, ses interprétations de l’histoire de France. Il affronte la Justice. Or, Eric Zemmour est lui-même d’origine juive. Il se dit ami de l’UDC Oskar Freysinger, admirateur de la Suisse. Que faire ?
Vrai : la Suisse 2021 n’a pas exactement l’équivalent d’Eric Zemmour. Certes, l’UDC, le MCG ou la Ligue des Tessinois attirent – au moins en partie – le même public. Mais leurs accents sont différents. Il faut remonter à l’entre-deux-guerres pour trouver des exemples plus ressemblants. Et encore ! Georges Oltramare ? Colonel Arthur Fonjallaz ? Front national ? Eux aussi sont autres. C’est comme pour l’après-guerre. Vigilance (à Genève). James Schwarzenbach. Valentin Oehen. L’Action nationale (devenue Démocrates suisses). Le Parti des automobilistes (devenu Parti de la liberté). Eux aussi sont spéciaux. La plupart, d’ailleurs, seront phagocytés par l’UDC. Voire par le MCG ou la Lega. Alors ?
Conclusion ? La Suisse est probablement blindée – au moins autant que la France – face à des polémistes du type Eric Zemmour. Sa démocratie en a vu d’autres. La démocratie, d’ailleurs, ne permet pas tout. Respect de l’ordre public. Refus du racisme, de l’insulte, de l’injure, de la calomnie, de la diffamation. Eric Zemmour le sait.