Otto Ineichen meurt. Les politiciens-entrepreneurs ont des destins inégaux.

Otto Ineichen, Conseiller national depuis 2003 et entrepreneur hors-série, meurt à moins de 71 ans

Libéral-radical, il ne ressemble à personne. Infatigable créateur d’entreprises («Otto’s», c’est lui), il lance des projets sur l’apprentissage, les crèches, la politique de la santé et d’autres thèmes. Grand producteur d’idées, son vœu le plus cher, c’est de les mettre en pratique. Otto Ineichen laissera un grand vide derrière lui.

Il y en a, des politiciens-entrepreneurs à succès. Au XIXe siècle, le radical Alfred Escher, Conseiller national, co-fondateur du Credit Suisse et promoteur de chemins de fer (pour ne citer que cela), est l’un des plus célèbres. Au XXe, Gottlieb Duttweiler en est un autre. Il lance Migros, monte au Parlement, crée l’Alliance des Indépendants (aujourd’hui disparue). Christoph Blocher, figure centrale de l’Union démocratique du centre, fait prospérer le groupe chimique EMS. Nicolas Hayek est un cas spécial. Sans se faire élire politiquement, il sera le très charismatique homme fort du groupe horloger Swatch. Otto Ineichen est un peu de leur race.

On trouve même des politiciens-entrepreneurs au Conseil fédéral. Blocher est l’un d’eux (2003-2007). Pour l’après-guerre, Walther Stampfli (1940-1947), «père» de l’AVS de 1947, vient de Von Roll, Adolf Ogi (1987-2000) d’Intersport, Kaspar Villiger (1989-2003) de l’industrie du cigare et de la bicyclette, Johann Schneider-Ammann (dès 2010) des machines. Blocher et Ogi sont UDC, les autres libéraux-radicaux. Leurs destins sont inégaux. Le Conseil fédéral? Il n’est pas sûr qu’Otto Ineichen s’y soit plu.