L’enquête du réseau «Offshore Leaks» sur la fraude fiscale dans le monde – jointe à la chute de l’ex-ministre français du Budget Jérôme Cahuzac – fait-elle l’affaire de la nouvelle initiative en faveur du secret bancaire suisse? Au contraire, va-t-elle réduire ses chances de succès? Eveline Widmer-Schlumpf, ministre helvétique des Finances, est en alerte
Pour les relations internationales de la Suisse, «Offshore Leaks» est peut-être un nouveau coup dur. Il pourrait amplifier les désagréments provoqués par la mise sur le marché – en Allemagne et en France, par exemple – de listes bancaires illégales de fraudeurs présumés du fisc. Du coup, il mettrait à rude épreuve les projets d’accords pour un impôt libératoire à la source (déjà conclus avec la Grande-Bretagne et l’Autriche). Enfin, il donnerait un coup d’accélérateur à l’échange automatique de données fiscales.
Même ancrée dans la Constitution, la nouvelle initiative pour le secret bancaire serait probablement désarmée. Elle le serait autant que le secret bancaire inscrit dans la loi depuis 1934. C’est vrai: l’initiative vise à protéger le secret bancaire en Suisse même. Mais si l’enquête «Offshore Leaks» révèle des pratiques choquantes touchant des résidents suisses entre la place financière helvétique et d’autres places, il sera difficile de ne pas bouger. Incidemment, l’annonce faite par le Luxembourg de réduire son propre secret bancaire pourrait être un indice. La ministre Eveline Widmer-Schlumpf – dont l’approche est peu dogmatique – ne devrait pas en être déstabilisée.