A quoi rêvent les Suissesses et les Suisses ? A une Reine ? A un Roi ? Voyez la mort et les funérailles d’Elizabeth II de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. L’assiduité de beaucoup à n’en rien perdre jette-t-elle un doute sur leur foi républicaine ?
VraI : la Suisse n’aura jamais de Reine. Ni de Roi. Prenez, entre 1291 et 2022, ces 731 ans d’Histoire. Guillaume Tell serait une légende. Werner Stauffacher, Walter Fürst et Arnold de Melchtal pourraient en être trois autres. Le médiateur Nicolas de Flüe, lui, aurait eu l’étoffe d’un chef (1417-1487). Mieux ! La Suisse moderne de 1848, en répartissant le Conseil fédéral entre 7 têtes égales en droits, veut s’assurer qu’aucune ne dominera. Même les plus remarquables des 119 premiers Sages devront se satisfaire d’une année de Présidence à la fois. Quant aux 4 Généraux (Dufour, Herzog, Wille, Guisan), ils ne cesseront pas d’être soumis au pouvoir civil. Plus largement, la forte décentralisation du pays aura été un obstacle coriace pour d’apprentis autocrates. Y a-t-il plus républicain que la Suisse ?
Cela dit, le mystère de la « fascination Elizabeth II » en Suisse républicaine reste. D’autres « monarchies démocratiques » la partagent. En Europe du Nord surtout. Pays-Bas. Belgique. Luxembourg. Danemark. Suède. Norvège. Ailleurs, parfois. Avec le Royaume-Uni, la « fascination Elizabeth II » se double d’une épopée à nulle autre pareille. Guillaume le Conquérant 1066. Elizabeth 1ère 1558-1603. Winston Churchill 1940-1945. Et tant d’autres. Attention ! Charles III et Liz Truss arrivent. Héritage.
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