Anglais d’abord pour tous ? Patrick Aebischer, président de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), aura-t-il le dernier mot ? Dans la querelle des langues, le Fribourgeois est l’un des premiers à souhaiter partout l’enseignement prioritaire de la langue de David Cameron et Barack Obama. D’autres langues nationales – autres que celle de la région – viendraient après. En Suisse romande, il n’est pas seul. Ainsi, l’arrivée à l’Université de Lausanne du professeur américain d’anthropologie Mark Goodale, qui doit apprendre le français, étonne (« Neue Zürcher Zeitung » du 18 mai). Son cas ne serait pas unique. La cote de l’anglais, là aussi, monte fort.
Les 26 cantons se divisent. C’est surtout en Suisse romande et le long de la frontière des langues que la priorité à l’enseignement d’autres langues nationales s’impose. L’anglais y vient après. En Suisse alémanique, plus à l’Est, l’anglais avance. Certains exigent même d’éliminer d’autres langues nationales (dont le français) de l’enseignement obligatoire à l’école primaire. Du coup, le Concordat intercantonal « Harmos » frémit. Enfin, le Tessin italophone (en tête pour l’étude des langues nationales) et les Grisons trilingues (avec 3 langues nationales sur 4) sont en pointe.
Face à l’effacement menaçant de langues nationales, la contre-attaque mûrit. Au Conseil fédéral, Alain Berset, chef fribourgeois de l’Intérieur, avertit. Au Parlement, des projets fusent. Avec la popularité de l’anglais, ils auront fort à faire. Autre difficulté : on y parle beaucoup de l’anglais et du duo allemand-français, moins de l’italien et du romanche. Ce combat n’est pas encore gagné.