Ogi invite Blocher à se retirer. A l’UDC, ces contraires s’écoutent peu.

«Le moment est venu pour Christoph Blocher de se retirer». C’est Adolf Ogi qui le martèle («Le Matin Dimanche» du 8 avril). Entre les deux figures dominantes de l’UDC depuis 30 ans, la lutte d’influence ne cesse jamais

Le Bernois Ogi n’y occupe plus de fonction officielle. Le Zurichois Blocher, lui, en est le vice-président chargé de la stratégie et retrouve le Conseil national. A l’UDC, rien de décisif ne se fait sans lui. L’assemblée du 5 mai pourrait être instructive.

1979 : Ogi (né en 1942) et Blocher (né en 1940) déboulent au Conseil national. Ogi se détache d’abord, préside l’UDC (1984-1988), monte au Conseil fédéral (1987-2000). Ce sportif est ouvert au monde. En 1992, il serait l’un des quatre Sages favorables à l’adhésion à l’Union européenne (UE). Blocher est son contraire. Dès 1988, il prend le contrôle de l’UDC et y apporte sa fortune. Il fait tomber l’Espace économique européen (1992) et un projet de casques bleus (1994), il harcèle le Conseiller fédéral Ogi. Mais l’UDC grandit (11% des voix en 1987, 28,9% en 2007). Blocher perd aussi (ex : soldats armés à l’étranger, ONU, accords avec l’UE). Il entre au Conseil fédéral, puis en est évincé (2003-2007). L’UDC recule (26,6% en 2011) et s’isole. La chute de Philipp Hildebrand, de la Banque nationale, lui nuit.

Cette UDC corrigée par Blocher est à l’opposé de ce que veut Ogi. Mais Ogi reste à l’UDC. Contrairement à Eveline Widmer-Schlumpf ou à Samuel Schmid, il ne rejoint pas le nouveau Parti bourgeois démocratique (PBD), dont il est proche. L’UDC et le PBD, pense-t-il, devraient se retrouver. Cela dit, Blocher entendra-t-il l’appel d’Ogi ? En général, ces contraires s’écoutent peu. Le 5 mai, on verra bien.