Ruth Dreifuss, Prix 2012 de la Fondation pour Genève! La Genevoise, Conseillère fédérale socialiste entre 1993 et 2002, reste au front
Depuis son retrait du Gouvernement, elle continue de lutter pour ses causes: dépénalisation de la drogue, régularisation des « sans-papiers », abolition de la peine de mort dans le monde, par exemple (« Le Temps » du 21 septembre). Comme d’autres anciens Sages, elle est toujours très présente.
Son parcours est inouï. De Saint-Gall, elle et sa famille s’installent à Genève. Elle fait du journalisme (« Coopération », « Domaine public »), rejoint Berne pour l’Aide au développement, l’Union syndicale suisse. Lors de successions au Conseil fédéral, son nom est murmuré. En 1993, on assiste à un scénario incroyable. Le groupe socialiste, pour succéder à René Felber de Neuchâtel, propose Christiane Brunner de Genève. Mais la droite du Parlement veut Francis Matthey, autre Neuchâtelois. Les socialistes, présidés par le Valaisan Peter Bodenmann, cherchent alors une candidature féminine de compromis. Ce sera Ruth Dreifuss. Matthey renonce. La crise Uchtenhagen-Stich de 1983 ne se répète pas. Enfin, le Parlement élit la première Conseillère fédérale de racines juives.
Au Gouvernement, Ruth Dreifuss pilote le Département de l’Intérieur. Avec ses collègues, on devine parfois des tensions. La plus fameuse porte sur l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes. Elle défend avec succès une nouvelle loi sur l’assurance maladie, la 10e révision de l’AVS. Elle mène une audacieuse politique de la drogue. Son combat ne cessera plus.