Chine, banque, commerce? Suivez Petitpierre, Dreifuss, Schneider-Ammann!

Suisse-Chine ! Cette relation est inouïe. Le Conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, chef de l’Economie, de la Formation et de la Recherche, en est l’ardent artisan. A Pékin, il célèbre l’entrée de la Suisse dans la nouvelle Banque asiatique d’investissement parrainée par la Chine (Etats-Unis et Japon s’en méfient). Dans la foulée, Suisse et Chine fêtent la première année de l’ambitieux traité de libre-échange (parfois contesté). L’accord Suisse – Hong Kong, conclu avec l’AELE, le précède. Admirez la continuité.

Oui, cette relation est inouïe. Car la Chine de Xi Jinping est répressive. Des mesures frappent des dissidents (dont certains meurent en prison), des artistes, des juristes, des gens de médias et d’Internet, des Tibétains, des Ouïghours. Toute velléité de progrès démocratique à Hong Kong est contrée (en 1997, cette ex-colonie britannique devient Région administrative spéciale ; en 1999, Macao suit). C’est vrai : Deng Xiaoping, dès 1978, propage son libéralisme économique. Mais sa « traduction » démocratique tarde.

Et pourtant ! Entre Suisse et Chine, les relations sont presque toujours courtoises. 1950 : la Suisse de Max Petitpierre est l’une des premières à nouer avec Mao Tsé-toung. Plus tard, un « dialogue sur les droits de l’homme » donne des résultats incertains. En 1999, lors de la visite de Jiang Zemin à Ruth Dreifuss, une protestation tibétaine suscite un incident. Mais il laisse peu de traces. Entre-temps, la Chine devient la deuxième économie mondiale (la première peut-être). Pour la Suisse, tournée vers l’Europe et les Etats-Unis, c’est l’occasion de diversifier. Johann Schneider-Ammann ne ratera pas ça.