Castro et Obama. « Bons offices » suisses – entre succès et tournant.

 

Raul Castro et Barack Obama ! Les relations entre Cuba et les Etats-Unis sont rétablies. On revient de loin. 1959 : Fidel Castro prend le pouvoir. 1961 : Etats-Unis et Cuba rompent. Grâce à la Suisse, un fil est maintenu. Max Petitpierre et Friedrich Wahlen pilotent. Le diplomate Emil Stadelhofer brille. La Suisse protègera donc les intérêts américains à Cuba (« Le Temps », « Tribune de Genève » et « 24 Heures », 20 juillet). En Amérique, John Kennedy gouverne. La crise des fusées de 1962, face à l’URSS de Khrouchtchev, gronde. 1991 : la Suisse défendra aussi Cuba aux Etats-Unis. Le fil tient.

 

Cette mission suisse de bons offices entre Cuba et les Etats-Unis est historique. Elle se compare à celle menée entre l’Iran d’Hassan Rohani et les Etats-Unis de Barack Obama (la Suisse représente les intérêts américains en Iran). Parmi d’autres missions suisses, citons les intérêts iraniens en Egypte, russes en Géorgie, géorgiens en Russie. Pendant la Deuxième guerre mondiale, la Suisse en assumera jusqu’à 200 avec près de 35 pays. C’est un sommet.

 

Que valent aujourd’hui les bons offices? Car d’autres canaux font concurrence. Comme l’ONU dès 1945 (la Suisse y adhère en 2002). Comme l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe dès 1975. Et puis : la neutralité reste-t-elle toujours un atout ? La Suisse, par sa démocratie, ses droits humains ou son Etat de droit, est parfois située dans le « camp de l’Ouest ». Dès 1963, elle adhère au Conseil de l’Europe (avec Wahlen). Dès 1996, elle participe au « Partenariat pour la Paix » de l’OTAN (avec Flavio Cotti et Adolf Ogi). La Suisse de Didier Burkhalter est peut-être à un tournant.