En miettes, la « Suisse latine » ? Le quadruple vote fédéral du 28 février – après d’autres signaux avertisseurs – fournit de nouveaux indices. Le rejet de la 2e initiative UDC contre les étrangers criminels frappe fort. Le Tessin italophone en est l’acceptant zélé. Les cantons de la Suisse alémanique « primitive » l’accompagnent (Uri, Schwyz, Obwald et Nidwald, complétés par Appenzell RI). Les fameux châteaux de Bellinzone, baptisés comme eux, n’ont jamais mieux porté leurs noms. Par contraste, les six cantons francophones figurent tous dans le camp rejetant (Genève, Vaud, Neuchâtel, Jura, Fribourg, Valais). Coupure presque totale ?
Sur le Gothard routier, le divorce est moins net. Certes, Vaud et Genève rejettent le 2e tube. Mais, comme 24 des 26 cantons, Jura, Neuchâtel, Fribourg et Valais l’acceptent. Bien sûr, les adversaires du 2e tube ont leurs arguments (ex : danger d’augmentation du trafic routier à long terme, pollution). Au Tessin également, ces arguments portent. Mais la présence de Vaud et Genève parmi les opposants est visible de loin. La solidarité latine titube.
1991, 1er tournant : Bignasca et Maspoli lancent la Ligue des Tessinois. 1992, 2e tournant : l’Espace économique européen est rejeté. La géographie politique tessinoise et suisse est bouleversée. Désormais, Italophones et Francophones se regroupent dans des camps opposés sur la politique étrangère ou la migration (mais moins sur les dossiers sociaux). Tessin et Suisse « primitive » se rejoignent. Les cantons romands trouvent des alliés ailleurs (Bâle en tête). Quand ils les trouvent.