1er juin 2016 ! La Suisse et l’Europe inaugurent le tunnel ferroviaire de base du Gothard. 57 km. C’est le plus long du monde. Il est loin de la Suisse romande. Mais la solidarité latine renaît. Le Gothard unit plus qu’il ne divise. Ainsi, tous les cantons romands approuvent le projet de 1992 comme le financement de 1998 (63,6% et 63,5% de oui). C’est presque aussi vrai pour le 2e tube routier au Gothard du 28 février (57% de oui). Vaud et Genève refusent. Mais Jura, Neuchâtel, Fribourg et Valais acceptent. Il n’y a pas de front romand anti-Tessin.
Cette solidarité latine ne va pas de soi. Car le Gothard, c’est d’abord un lien entre le Sud et le Nord de l’Europe, entre la Suisse italienne et la Suisse alémanique. Et encore ! Seuls 12 des 23 cantons sont des « cantons du Gothard ». Soit Tessin, Uri, Schwyz, Unterwald, Lucerne, Glaris, Zoug, Argovie, Soleure, Bâle (Ville et Campagne), Schaffhouse et Zurich. D’autres, pour aller au Sud, passent ailleurs. Entre Suisse italienne et Suisse romande, le détour est de taille. Pire ! Le lien se distend. Cela coïncide avec le lancement en 1991 de la Ligue des Tessinois de Maspoli et Bignasca. Sur la politique étrangère ou l’immigration, il n’y a plus de Suisse latine.
Pour la solidarité, il faut offrir quelque chose aux autres Suisses. Au Conseil fédéral, l’UDC Adolf Ogi et le socialiste Moritz Leuenberger sont des figures-clés. Pour le rail, ce sera le Lötschberg de base entre Berne et Brigue (34,6 km, dès 2007, à voie unique en majorité). D’autres projets sont associés. Pour la route, c’est le San Bernardino de Coire à Bellinzone (dès 1967). Enfin, l’écologie peut bousculer les enjeux (initiative des Alpes, 1994). Une bataille inouïe.