Mortes, les négociations Suisse – Union européenne ? Enterré, l’accord-cadre ? Jean-Claude Juncker, président sortant de la Commission européenne, refuse un accord « par étapes » (interview RTS/SSR). L’idée est prêtée au ministre Ignazio Cassis. En gros : les points peu contestés d’abord (ex : Tribunal arbitral), le reste plus tard (ex : accord-cadre, lutte contre la sous-enchère salariale). Le Conseil fédéral, lui, est plus discret que jamais. Vrai : la conclusion en 2018 devient une illusion. Sur 2019, année électorale, personne ne parie. Alors ? Le vide ?
Bref, le stratège UDC Christoph Blocher aurait gagné. En chemin, il trouve des « alliés objectifs » comme l’Union syndicale suisse de Paul Rechsteiner et « Travail.Suisse » d’Adrian Wüthrich – fermes sur la sous-enchère salariale. Blocher marque ses premiers points très tôt. En 1992, contre l’Espace économique européen. En 2014, avec l’initiative UDC « contre l’immigration de masse ». En 2016, par le retrait de la demande d’adhésion à l’Union (déjà gelée). Dans l’intervalle, l’acceptation d’accords bilatéraux Suisse-Union laisse ses adversaires espérer (ex : libre-circulation des personnes, Schengen-Dublin sur la sécurité et l’asile). Plus pour longtemps ? Enfin, la faible inclination de la Commission Juncker à dialoguer ferait le reste.
Du coup, le camp blochérien peut souffler. L’Action pour une Suisse indépendante et neutre, lancée par Blocher en 1986, peut perdre des membres (« Bund » et « Tages-Anzeiger », 17 septembre). Le Comité « Non à l’adhésion insidieuse à l’UE » est près du but. Et l’UDC – 29,4% des voix en 2015 – peut freiner. A qui, le dernier mot ?