« Polarisée », la politique suisse? Les politologues Rahel Freiburghaus, Adrian Vatter et Pascal Sciarini en font une analyse troublante (Tamedia). Oui, les écarts entre les grands partis y sont plutôt larges en comparaison internationale. De la gauche à la droite. Verts historiques, PSS, Verts libéraux, Centre, PLR, UDC. Avec le virage « droitier » imposé par Christoph Blocher à l’UDC depuis la fin des années 1980, cette « polarisation » semble même s’être durcie.
Cela dit, ces écarts n’empêchent pas, en Suisse, les 4 partis les plus importants de coopérer au Conseil fédéral de manière quasi-proportionnelle depuis 1959. En 2024, 2 UDC (Guy Parmelin, Albert Rösti), 2 PSS (Elisabeth Baume-Schneider, Beat Jans), 2 PLR (Karin Keller-Sutter, Ignazio Cassis), 1 Centriste (Présidente Viola Amherd). Peu de démocraties pluralistes poussent pareille « concordance » aussi loin. Sa généralisation y est progressive. Au plan fédéral suisse, par exemple, elle commence en 1891. Au Conseil fédéral purement PLR de 1848, viennent successivement se greffer Le Centre (ex-Conservateurs-Catholiques, ex-PDC), UDC (ex-PAI-PAB), PSS. Avec quelques secousses.
Cette polarisation 2024 n’est pas nouvelle. Dans les années « Sonderbund » et « Kulturkampf », elle est plus virulente encore. Là, les tensions sont politico-religieuses. Au début du XXe siècle, elles deviennent plus sociales. Grève générale en 1918. Fusillade de Genève en 1932. Attention!