Schneider-Ammann face à Cameron, ou encore Orban, Kaczynski. Qui y gagne?

 

Est-elle menacée de fissure, l’Union européenne de Jean-Claude Juncker ? Le risque de sortie de la Grande-Bretagne du conservateur David Cameron est-il sérieux ? Les évolutions « autoritaires » de pays membres – Hongrie de Viktor Orban, Pologne de Jaroslaw Kasczynski – chahutent-elles les équilibres de l’Union ? Surtout : ces fractures – si elles durent – peuvent-elles profiter à la Suisse du président Johann Schneider-Ammann ?

 

Sûr : les optimistes en espèrent un assouplissement des fronts. Pour la Suisse, c’est l’application de l’initiative UDC « contre l’immigration de masse » de 2014 l’enjeu immédiat. L’Union en redoute un affaiblissement périlleux de la libre-circulation des personnes. L’idée d’une clause de sauvegarde progresse, mais l’Union en refuse fermement une mise en œuvre unilatérale. La création d’un mécanisme d’arbitrage commun s’annonce délicate (« juges étrangers » en vue ?). Côté suisse, Simonetta Sommaruga (à Justice et Police) et Didier Burkhalter (aux Affaires étrangères) mènent la lutte. Cela dit, sur l’immigration, le Royaume-Uni de Cameron pourrait être un allié objectif utile.

 

Mais le renforcement de l’UDC tant au Conseil national qu’au Conseil fédéral modifie la donne. Désormais, les UDC Guy Parmelin et Ueli Maurer font face – à deux sur sept – à deux libéraux-radicaux (Johann Schneider-Ammann, Didier Burkhalter), une PDC (Doris Leuthard) et deux socialistes (Simonetta Sommaruga, Alain Berset). Le Conseil des Etats jouerait alors les modérateurs. Attention ! Doit-on miser sur les soucis de l’Union pour favoriser la position de la Suisse ? Car c’est d’une Europe unie et forte – voyez des poids lourds comme les Etats-Unis, la Russie, la Chine – dont ce continent a besoin. La marge de manœuvre est infime.