Inouïe, la polémique de l’Hymne national ! Même la modeste nouvelle strophe, parrainée par la Société suisse d’utilité publique, suscite plus de huées que de bravos (« Le Temps », 20 et 21 juillet). Le destin de l’Hymne national est décidément chahuté. Voyez l’actuel « Cantique suisse » d’Alberich Zwyssig et Charles Chatelanat (en français). Composé en 1841, le Conseil fédéral l’impose en 1961 et 1981. Détail piquant, il succède à une version helvétisée du britannique « God Save the Queen » (« O monts indépendants »). Mais ce « Cantique » tient.
Pas simple, le patriotisme suisse ? Voyez le Drapeau – Croix-Blanche sur Fond rouge. Le Genevois Guillaume-Henri Dufour, futur général, en dessine une version pour l’armée en 1840. Le Conseil fédéral lui donne sa forme définitive en 1889. Schwyz, l’un des cantons fondateurs, l’inspire. Prenez la Fête nationale du 1er Août. Le Conseil fédéral l’introduit en 1891. C’est l’année du 6e siècle de la Suisse, de l’entrée du PDC Josef Zemp dans un Exécutif libéral-radical et de l’initiative populaire. En 1993, peuple et cantons en feront un jour férié partout. Du coup, la Suisse primitive de 1291 et la Suisse moderne de 1848 – déchirées par « Sonderbund » (1847) et « Kulturkampf » (1870) – se rapprochent. Grande affaire.
Ce patriotisme se trouve aussi dans les nombreux votes populaires qui, de 1848 à nos jours, « font » la Suisse. Mais attention ! Les Constitutions de 1848, 1874 et 1999 divisent. L’adhésion à l’ONU de 2002 aussi. L’AVS de 1947 et le 1er Août férié de 1993 rassemblent mieux. Pluriel, le patriotisme suisse ?