Argent et politique ? Transparente, la Suisse ? Une Commission du Conseil des Etats « centriste » relance l’espoir. Elle pourrait opposer un contreprojet à l’initiative fédérale « Transparence » lancée par la gauche, le PBD, les Evangéliques, le Parti Pirate, Transparency (« 20 Minutes »). Avant cela, il faudra que la Commission-sœur du Conseil national – « droitier » – se rallie. Puis, on pourra foncer.
Car la Suisse – sur « argent et politique » – serait un pays cachottier. Conseil de l’Europe et GRECO lui font des reproches. Longtemps, « droite » et « centre » refusent de publier des chiffres. Selon eux, trop de transparence dissuaderait des donateurs. Seuls les cantons-pionniers du Tessin, de Neuchâtel et de Genève ont des règles. Schwyz et Fribourg suivraient. L’initiative fédérale « Transparence » de la gauche et de ses alliés vise les partis, élections et votations, les dons de plus de 10.000 francs, les campagnes de plus de 100.000 francs. Des sondages lui donnent des chances.
Tournant ? S’il se confirme, il suivrait l’assouplissement – lent – du secret bancaire suisse. Ancré dès 1934, il subit de premières exceptions pénales, dans des secteurs comme la fraude fiscale, la drogue, le crime organisé, les opérations d’initiés en bourse. Les pressions des Etats-Unis, de l’Union européenne, de l’OCDE, du G20 et d’autres acteurs y poussent. Années 1990 : la crise des « fonds en déshérence » – issue de la guerre – donne de l’élan. 2007 : le Conseil fédéral franchit de nouveaux pas. 2018 : l’échange international d’informations fiscales s’étend. « Argent et politique », décidément, ne sont pas loin.